Devant les enjeux majeurs de notre société, l’entreprise doit se réinventer et de nouveaux modèles surgissent.
Assistons-nous à la naissance de l’entreprise réseau ?
Poussées dans leurs retranchements, certaines entreprises cherchent à se réinventer et l’on voit éclore de nouveaux modèles organisationnels : entreprises libérées, entreprises agiles ou apprenantes. On peut se demander qu’est-ce qui contribue à l’émergent de ce nouveau modèle de l’entreprise réseau.
Entreprise réseau, la fin des modèles
Le capitalisme financier est en crise et depuis 1929 les crises financières succèdent à l’explosion des bulles spéculatives, avec comme seule réponse, une mutualisation des pertes et une individualisation des profits. Comme dans tout système inadapté, la mauvaise organisation engendre de mauvaises réponses et un stress croissant. Ce stress se répercute du haut vers le bas de la pyramide et engendre burnout, démotivation et mal-être au travail… Tout ceci concourt à une baisse de confiance importante des individus sur le concept même de l’entreprise.
De plus, nous avons à nous confronter à un environnement de plus en plus complexe. L’ère industrielle a permis à notre société de gérer le « compliqué » (production de masse, standardisation, industrialisation des procédés), mais a du mal à faire face à la complexité croissante et récurrente du monde issu de la révolution numérique. Innover sans cesse, intégrer des demandes variées et contradictoires, débusquer de nouvelles opportunités, être à l’écoute des signaux faibles, être créatif… sont les nouveaux défis d’aujourd’hui.
Le monde devient aussi de plus en plus imprévisible et nous avons à faire face à une incertitude qui croit sans cesse. La croyance en un monde déterministe où les prévisions fonctionnent, tombe petit à petit, en morceau. Sondages, business plan, prévisions économiques… sont tous les jours remis en causes par la réalité du terrain.
C’est aussi la fin de « la ménagère de moins de 50 ans », le temps où l’on faisait rentrer les gens dans une case est révolu. L’ère du numérique signe l’avènement de l’Homme pluriel, nous sommes complexes dans nos demandes comme dans nos réponses.
Nous sommes de plus en plus éduqués, instruits, informés et par conséquent à même de penser par nous-mêmes. Nos demandes évoluent en conséquence, elles sont de plus en plus variées et ce qui convient à l’un ne convient pas à l’autre. Nous sommes de plus en plus acteurs dans notre environnement et souhaitons le devenir encore plus.
Nous entrons également dans l’ère de la frugalité. Faire mieux avec moins, tel est challenge de ce siècle où le changement climatique, la baisse de la disponibilité des ressources par personne nous conduisent à repenser notre façon de consommer et de produire.
Devant la désillusion d’un monde qui avait promis le progrès pour tous, le manque de sens en entreprise est apparu comme flagrant. Tous autant que nous sommes, nous demandons et cherchons du sens à nos actions, nourriture, éducation, santé… tous les secteurs sont touchés et bien sûr la sphère professionnelle n’est pas épargnée.
Le système de management standard basé sur le « command & control » a bien du mal à répondre à cette exigence de sens. Nous voulons savoir « pour quoi » nous œuvrons. Tous ces facteurs contribuent à l’émergence de modes d’organisations alternatifs qui tentent de répondre aux besoins de ce siècle. Certaines conditions semblent cependant nécessaires pour permettre la mise en œuvre efficace de ces modèles alternatifs
Entreprise réseau, une transformation radicale
En premier lieu, grâce à une profonde modification de notre capacité à dialoguer en « peer to peer », le décloisonnement fait maintenant partie intégrante de nos vies. Nous pouvons nous adresser en direct à n’importe qui ou presque et cela vient bouleverser les circuits de communication établis en créant de la proximité. Accéder à un expert, proposer et tester des idées, débattre d’un concept… sont devenus très facile et font voler en éclats les circuits hiérarchiques.
Qui plus est, l’époque où l’accès à l’information ou sa production coûtait cher et était donc réservé à une élite est révolue. N’importe qui peut désormais trouver presque toutes les informations qu’il cherche. Les progrès des moteurs de recherche en analyse sémantique permettent aussi de trouver de l’information de plus en plus qualifiée. Tout le monde peut maintenant participer activement à la production de contenu, car nous sommes entrés dans l’ère de l’information collaborative et dématérialisée.
L’augmentation de la part du service dans le paysage industriel mondial, robotisation, visioconférence, et plus récemment, imprimantes 3D et mini usines sont autant de moyens qui transforment la chaîne de dépendance face à la production de bien et de services de tout un chacun. En délocalisant la capacité de production de valeur, ces innovations transforment les capacités de nos entreprises et nous permettent de produire de la valeur depuis presque n’importe où. Les conditions de l’émergence de modèles alternatifs d’organisation en réseau sont plus que jamais réunies.
Conclusion
Vous l’aurez compris, grâce à révolution numérique, toutes ces choses sont maintenant possibles et incitent à tenter de nouvelles aventures. Ceci est renforcé par le fait que les modèles managériaux et organisationnels basés sur des structures top/down ont beaucoup de mal à suivre.
Et même si la transition vers l’entreprise réseau peut être difficile et semée d’embûches , les évolutions sociétales nous poussent à tenter l’expérience et nous obligent à la créativité. L’émergence de ces structures en réseaux, collaboratives et éminemment distribuées apparaît comme inévitable. Nous avons eu l’internet du web, puis l’internet des objets, voici venue l’ère de l’entreprise réseau ou de l' »internetisation des organisations ».
Texte initialement posté par mes soins le 20/03/2016 sur le site des échos, qui a tendance à faire ce qu’il veut avec le droit d’auteur…