Les modifications profondes de notre société conduisent à des changements dans la façon d’appréhender le travail dans nos organisations. On retrouve un développement sans précédent de la volonté d’entrepreneuriat, chez les jeunes mais aussi chez l’ensemble des actifs. TPE et indépendants sont en première ligne de ces évolutions qui modifient les façons de travailler et de collaborer. Nous assistons également au développement de la notion d’entrepreneur au sein même de l’entreprise, la notion d’intrapreneur a fait son apparition depuis l’essor des entreprises libérées. Nous assistons à une convergence des façons d’agir et interagir et ce quelque soit la taille des structures observées.
Les ruptures à l’origine de la convergence vers le profil d’entrepreneur et d’intrapreneur
La multi-activité
En un siècle on est passé d’un seul et unique métier tout au long de notre vie à plusieurs métiers enchainés de plus en plus fréquemment. De nos jours, que cela soit choisi ou subi, il n’est pas rare que des travailleurs aient plusieurs activités en même temps. S’impliquer activement dans une association en plus du travail, ou avoir plusieurs activités rémunérées sont des pratiques qui se répandent.
Ces activités peuvent coexister autour d’un même projet de vie, c’est le cas pour beaucoup d’indépendants qui sont tantôt formateur ou consultant, conférencier ou auteur, membre d’association professionnelle ou blogueurs. Elles peuvent aussi représenter des d’activités disjointes qui incarnent la diversité de nos aspirations, certains sont consultants la semaine et moniteurs de parapente le weekend.
L’évolution de la complexité de l’environnement des entreprises a aussi conduit à une hyper-spécialisation des métiers et des fonctions et les entreprises font de plus en plus appel à la consultance externe y compris pour des missions de fond qui étaient avant intégrées dans la structure nourrissant le besoin d’indépendant et d’entrepreneur toujours plus spécialisés.
Un nombre grandissant de salariés de structures classiques exploitent leur temps partiel ou leur RTT pour avoir une ou plusieurs autres activités. En parallèle, un nombre toujours plus grand de jeunes souhaitent monter leur activité, l’évolution des statuts et notamment le statut d’auto entrepreneur permet à beaucoup de s’essayer au monde de l’entrepreneuriat y compris pendant leurs études.
Le tout conduisant à un accroissement des besoins en profils de type multi-activité ou slasher.
La fusion des identités professionnelles et personnelles
De manière générale, on constate un effacement progressif des frontières entre nos vies professionnelles et nos vies personnelles. La mondialisation et son inarrêtable production fait que le monde tourne 24h/24h, nos clients, nos fournisseurs, nos partenaires travaillent pendant que nous dinons ou que nous dormons. Dans un premier temps réservé aux cadres qui ramenaient du travail à la maison, le travail en dehors de la « journée officielle » de travail s’est maintenant étendu à toutes les fonctions. Ceci est encore plus flagrant chez les indépendants qui travaillent souvent de chez eux ou qui ont des activités irrégulières et donc besoin d’une grande souplesse dans la répartition des activités pro/perso.
Présence ininterrompue sur les réseaux sociaux, travail à domicile ou dans les transports, mutli-activité, il est de plus en plus difficile de faire la différence entre le temps travaillé et le temps personnel. Si avant il pouvait y avoir une vraie coupure des taches et donc des rôles distincts dans le travail et dans le hors du travail, c’est beaucoup plus difficile maintenant. La visibilité des activités de tous via ce monde hyper-connecté et la transparence de nos faits et gestes via la vie numérique nous expose de fait et nous oblige a accepter qui sommes dans toute notre diversité.
Le besoin d’autonomie
Les débuts du taylorisme ont été matérialisés par une relation du type « parent »/ »enfant » dans l’entreprise. Les salariés perçus comme incapables de penser ou d’agir par eux même devaient être conduits et surveillés pour leur bien et le bien de l’entreprise. Les évolutions du taylorisme ont conduit avec le management participatif à une relation de type « adolescent »/ »parent » avec de la part de la structure hiérarchique une volonté de faire monter en autonomie leurs collaborateurs tout en gardant une certaine dose de contrôle.
Notre monde est de plus en plus complexe et incertain, nos structures ne peuvent plus se contenter d’exécutants. Le maître mot pour faire face à ce nouveau monde est l’innovation, hors un esprit si brillant soit-il ne peut intégrer toutes les informations et envisager toutes les réponses qui pourraient convenir. L’entreprise à besoin de développer l’autonomie de ses collaborateurs pour nourrir l’intelligence collective. Hors cette intelligence collective n’aime pas les relations de pouvoir et nous oblige à reconsidérer la relation professionnelle en relation de type « adulte »/ »adulte ». Développer son autonomie fait d’ailleurs parti des besoins fondamentaux de l’être humain et l’entreprise ne fait que reconnaitre ce besoin que l’éducation tente d’initier en permettant à tout un chacun de devenir son propre entrepreneur ou intrapreneur
Le besoin d’adaptation et agilité
Dans un monde où il est de plus en plus difficile de prévoir et d’anticiper, il vaut mieux privilégier sa capacité d’adaptation. Ce besoin d’adaptation a émergée dans les les 1990 avec l’apparition des méthodes agiles.
Une des méthodes pour innover en environnement complexe consiste à fonctionner par essais/erreurs. L’objectif est donc de produire des choses testables rapidement en capitalisant les retours d’expérience au cours de cycles courts d’expérimentations. On retrouve ces méthodes et principes dans les pratiques comme le design thinking ou encore dans le corporate hacking. Le désir d’entreprendre, d’expérimenter et de devenir acteur de ses projets est une autre caractéristique de cette évolution vers le profil d’entrepreneur ou d’intrapreneur.
Ce besoin ne cesse de grandir et intégrer ces pratiques agiles dans l’entreprise ou chez les indépendants se transforme en nécessité. On assiste à l’émergence de fablab et autre makerspace qui se développent dans et hors de l’entreprise.
Mise en réseau et solidarité
Un autre besoin nécessaire au développement de l’intelligence collective est le mise en relation des individus. Tout processus d’intelligence collective se nourrit d’informations et de relations pour enrichir les points de vue.
En quelques années, nous sommes passés d’une structuration hiérarchique minimisant les relations à une topologie en réseau pour justement maximiser les relations et les échanges.
On retrouve cela dans le mouvement du coworking et des tiers lieus de rencontre chez les indépendants. Dans l’entreprise on retrouve cette volonté dans la création de nouveaux espaces de travail collaboratifs comme les open spaces.
A ce besoin de mise en relation se rajoute le besoin de solidarité. L’individualisme que pourrait engendrer le besoin d’autonomie doit être compensé par la solidarité, faire face aux difficultés ensemble est un moyen pour développer un collectif efficient et résiliant. On retrouve cet essor de l’économie collaborative avec le crowfunding ou encore le dreamfunding où les acteurs se soutiennent entre eux pour financer leurs projets ou encore dans certaines coopératives d’auto entrepreneurs qui mutualisent les risques.
Du temps et de la confiance
Nous n’avons jamais eu autant besoin de relations de confiance. Dans un monde qui évolue sans cesse et partout en même temps, la confiance devient inestimable. A la mise en réseau se rajoute naturellement le besoin d’établir des relations de confiances. Cette confiance peut se créer au sein des collectifs grâce à la proximité des ses membres.
Dans l’entreprise les frontières entre l’externe et l’interne s’efface peu à peu. Nous devenons interdépendants les uns des autres. Clients, fournisseurs, entrepreneurs sont embarqués dans les mêmes aventures.
La survie et le développement des uns dépends de la survie et du développements des autres. Nous sommes en train de migrer d’un système de compétition vers un écosystème en interdépendance. Cependant, l’établissement de relation de confiance prend du temps.
Ce processus ne fonctionne que de manière réciproque et la construction de la relation de confiance prend du temps. On retrouve cette tendance dans le slow management et le slow business qui émergent de plus en plus et se substitue de plus en plus à l’urgence des mouvements des vingts dernières années qui misaient tout sur une croissance rapide. On assiste à un certain essoufflement des opérations du type pitch the big, meet the big considérés comme trop artificiels et pas forcément efficaces.
Une quête de sens
L’entreprise traditionnelle a conduit à une perte de sens pour beaucoup. Le fractionnement des taches, la multiplication des procédures et des normes nous empêchent d’accéder au sens profond de nos taches. Le besoin de retrouver le sens de nos actions se fait de plus en plus sentir. Niveau d’étude en hausse, développement de l’esprit critique et accès instantané à l’information au creux de la main font que l’on ne peut plus se contenter d’une autonomie sur le « comment » faire, nous souhaitons savoir « pour quoi » nous œuvrons.
Cette rupture incarnée par la génération Y (why) s’est d’ors et déjà propagée aux autres générations. Ce questionnement dépasse le cadre de la sphère professionnelle, enjeux sociétaux, modifications climatiques, sentiment d’urgence, plus que jamais nous souhaitons œuvrer pour quelque chose dans ce qui se présente comme un cours passage dans l’existence.
Les préoccupations des générations précédentes étaient sur l’avoir, en sortie de guerre où tout avait manqué, alors que les préoccupations de ce temps, où la consommation est perçue comme aliénante, reviennent sur l’être et l’accomplissement de soi.
Entrepreneur et intrapreneur un état d’esprit plus qu’un statut
Systèmes en réseau basés sur la confiance et décentralisés, slashing, transparence et effacement des frontières entre le professionnel le personnel, agilité et développement de l’autonomie, recherche de sens sont les moyens pour faire face aux transformations de nos sociétés. Ils engendrent une véritable mutation de notre relation au travail qui touchent tout les types de structures dans une évolution darwinienne qui traduit plus jamais l’impératif :
S’adapter ou disparaitre
Serons nous tous demain intrapreneur dans nos entreprises ou entrepreneur hors de celles-ci , beaucoup d’indices tendent à le laisser penser.
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