Je suis de plus en plus frappé dans ma pratique de coach par une recrudescence de burnout chez les moins de 35 ans. A l’instar des soleils qui brillent d’autant plus qu’ils vivent moins longtemps, on peut se demander pourquoi ce syndrome touche plus particulièrement la génération Y.
Génération Y : un constat peu flatteur
On affuble, à tort, la génération Y de bien des maux. Les entreprises traditionnelles ont bien du mal à les comprendre et se sont souvent inscrites en rejet de cette génération qui s’est construite toute seule. (Voir cet article sur les Echos « Entreprises libérées, agiles et génération Y et Z »).
Pourtant, cette population est surdiplômée avec des diplômes de l’enseignement long par rapport à ses ainés :
De manière générale on constate que cette génération Y s’est hyperspécialisée pour répondre à un marché de l’emploi de plus en plus difficile. Cette spécialisation n’a pas que des avantages et pose la question de l’enfermement dans des disciplines qui peuvent évoluer ou disparaitre du jour au lendemain, offrant moins de possibilité de reconversion que des profils plus généralistes.
Génération Y et rapport au travail
Durée du travail
D’après une étude ManpowerGroup, les Y s’attendent à travailler beaucoup plus longtemps que les génération précédentes, en France :
- 51% en France s’attendent à travailler après 65 ans
- 16% prévoient d’être encore en activité à plus de 70 ans
- 8% répondent qu’ils travailleront probablement encore au jour de leur mort
Une perpétuelle remise en question
- 75% occupent un emploi à plein temps aujourd’hui, mais 50% indiquent être ouverts à de nouveaux modes de travail (cumul d’activité/ free-lance …)
- 22% envisagent de travailler en auto-entrepreneur
- 93 % des membres de la génération Y sont prêts à consacrer de leur temps et/ou de l’argent pour se former davantage
Une charge de travail conséquente et plus de précarité
Contrairement aux idées reçues, la génération Y travaille plus que les générations précédentes (en France) :
- 38% font plus de 40 heures par semaine
- 17% font plus de 50 heures par semaine
- 10% ont plusieurs emplois rémunérés
Génération Y, la remise en question du monde et de soi
Cette génération doit faire face aux mutations de ce monde et on lui a légué les réponses aux grands enjeux sociétaux :
- Elle est la dernière génération a essuyer les pots cassés des modèles d’entreprises classiques.
- Elle doit faire face à la montée de la pauvreté en y étant confrontée elle-même. Une étude d’ampleur publiée par le Guardian révèle que si les jeunes des années 1980 vivaient mieux que la moyenne, la génération Y, elle, se situe 20 % en dessous.
- Elle doit faire face aux défis écologies et environnementaux en misant sur l’innovation pour réussir là où les politiques publiques échouent.
Enfin, cette génération doit se réinventer en permanence dans un secteur professionnel en constante évolution où 47 % des emplois seraient automatisables d’ici 20 ans. La génération Y se voulait antisystème. De fait, elle en est devenue une victime.
Génération Y, hYper-connexion, infobésité et hYperinvestissement
Connectée en permanence, gavée à l’information, soumise au temps réels de la communication et sans frontière de repli, cette génération est active 100% de son temps éveillé (qui ne cesse d’augmenter). Les réseaux sociaux, l’e-réputation, le blurring sont autant de phénomènes que ne connaissaient pas les autres générations.
Hors seul 3% de la population serait multi-agents (capable de faire plusieurs choses en même temps sans baisse de performance) et cette hyper veille s’avère être consommatrice d’énergie et particulièrement épuisante. L’esprit startup débridé et hyper-connecté aurait-il atteint les limites biologiques ?
Génération Y, en manque d’estime de soi ?
Pour résumer, l’on constate une défiance de la part des entreprises classiques, une stigmatisation médiatiques et générationnelle due à un vieillissement de la population. Vieillissement qui entraine au mieux une incompréhension, au pire, une peur des jeunes. Ceci se constate tous les jours dans les différences de perception des politiques et sujets sociétaux. On retrouve des clivages générationnels important sur des sujets aussi variés que la relation à la hiérarchie dans les entreprises, les modes de vies (mariage pour tous, avortement…) et question politiques (écologie, émigration, accueil des réfugiés, Brexit…).
Au final, beaucoup d’attentes, peu de soutien, un contexte économique fragile voir hostile. Tous les ingrédients sont réunis pour créer un cocktail détonnant avec comme effets le stress et le burnout. Il n’est pas rare d’être un jeune actif de 28 ans et avoir déjà fait un burnout. Toujours plus vite, toujours plus haut et toujours plus longtemps sont les paradoxes avec lesquels doivent composer cette génération.
Pour finir sur une note d’espoir la génération Z, sera-t-elle vraiment anti-système ? Fils et filles d’X désabusés, elle voit la génération Y batailler et se positionne plus en dehors de celui-ci qu’antisystème. Les maîtres mots sont ici, autonomie, frugalité et indépendances. Les entreprises avaient peur des Y, les Z ont peurs des entreprises et souhaitent se faire leur propre formation, leur propres expériences et leur propre monde du travail, où il faut bien le constater l’entreprise est très peu présente…
Alors, après une génération qui a peut être déjà « grillé » sa vie active par les deux bouts, les Z feront-ils la promotion du slow working ? d’un rapport au monde raisonné et homo-responsable ?
A suivre
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